Insel Pari
Article de blog d'Yvan Maillard Ardenti du 28.09.2022

Quatre Indonésien·ne·s réclament la justice climatique

Quatre Indonésien·ne·s réclament la justice climatique

Les principaux responsables des changements climatiques sont les pays industrialisés et les entreprises qui y sont sises. Pourtant, ce sont surtout les populations des pays pauvres qui en subissent les conséquences négatives. L’élévation du niveau de la mer menace d’innombrables îles, dont celle de Pari, en Indonésie. Quatre habitant·e·s de Pulau Pari mettent aujourd’hui Holcim face à ses responsabilités. Le groupe multinational émet deux fois plus de CO2 que l’ensemble de la Suisse.

Les pays industrialisés et leurs entreprises sont les principaux responsables des changements climatiques. Pourtant, ce sont surtout les populations des pays pauvres du Sud qui en subissent les conséquences négatives. Celles-ci perdent de plus en plus souvent leurs moyens de subsistance. Cette situation est extrêmement injuste.
 
En raison de la crise climatique, les événements météorologiques extrêmes tels que les cyclones, les sécheresses et les inondations se multiplient. La hausse des températures entraîne une élévation du niveau de la mer. En conséquence, des îles et des régions côtières de faible altitude risquent de disparaître sous les eaux. C’est le cas de l’île indonésienne de Pari. Quatre habitant·e·s – Asmania, Bobby, Arif et Edi – ont décidé de se défendre. Ils ont entamé des démarches juridiques contre Holcim. La femme et les trois hommes demandent au groupe suisse spécialisé dans le ciment des réparations pour les dommages subis à cause des changements climatiques. Or, Holcim fait partie des entreprises les plus émettrices de CO2 à l’échelle mondiale.
 
Yvan Maillard Ardenti
Yvan Maillard Ardenti

Yvan Maillard Ardenti travaille à l'EPER en tant  que responsable du dossier « Justice climatique » .

L’EPER s’engage pour la justice climatique

L’Entraide Protestante Suisse (EPER) s’engage depuis des années pour la justice climatique. Dans de nombreux pays, elle aide la population locale à s’adapter aux changements climatiques, notamment grâce à des semences résistantes à la chaleur ou à des méthodes agroécologiques. La justice climatique implique aussi de mettre les principaux responsables des changements climatiques face à leurs responsabilités.

Depuis 2013, diverses organisations onusiennes, dont le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (OHCHR), reconnaissent que les dommages causés par la crise climatique doivent être compensés. L’EPER et ses organisations partenaires s’engagent pour une telle compensation. En Indonésie, l’EPER travaille depuis dix ans avec WAHLI, la principale organisation environnementale du pays. Ce pays est composé de milliers d’îles et de régions côtières aujourd’hui menacées par l’élévation du niveau de la mer. WAHLI se bat pour la compensation des dommages subis par les personnes victimes de la crise climatique.

Pour ces raisons, l’EPER, WAHLI et le European Centre for Constitutional and Human Rights (ECCHR) soutiennent, à travers la campagne « Call for Climate Justice » , les revendications des quatre habitant·e·s de Pulau Pari qui ont entamé des démarches juridiques contre Holcim.

Suite à l’augmentation des émissions de CO2, une grande partie de l’Indonésie risque de disparaître sous les eaux d’ici moins de 30 ans.

Sur l’île de Pari, les inondations endommagent les habitations, les routes, les infrastructures. Or, en raison de l’élévation du niveau de la mer, ces inondations sont de plus en plus fréquentes. Si les émissions de CO2 ne diminuent pas rapidement, l’île de Pari et une grande partie de l’Indonésie risquent de disparaître sous les eaux d’ici moins de 30 ans.

Holcim émet deux fois plus de CO2 que l’ensemble de la Suisse

Le groupe suisse Holcim est en grande partie coresponsable de ces dommages. Le leader mondial du ciment fait partie des 50 entreprises qui émettent le plus de CO2, appelées également « multinationales polluantes » ou « Carbon Majors ». En outre, Holcim est la plus grande émettrice parmi les entreprises sises en Suisse. En effet, la production de ciment génère d’énormes quantités de CO2. Holcim a ainsi émis plus de sept milliards de tonnes de CO2 au cours des 70 dernières années, soit plus du double de ce qu’a émis la Suisse sur la même période. Le groupe est donc en grande partie coresponsable de la crise climatique et de la situation critique sur l’île de Pari.

Quatre pêcheuses et pêcheurs indonésiens mettent Holcim face à ses responsabilités.

Les quatre pêcheuses et pêcheurs indonésiens mettent Holcim face à ses responsabilités : le 11 juillet 2022, ils ont déposé une requête de conciliation à Zoug, où se trouve le siège du groupe. La femme et les trois hommes demandent une indemnisation proportionnelle aux dégâts déjà survenus en raison des changements climatiques et une participation financière aux mesures nécessaires pour protéger l’île des inondations. L’office de paix de Zoug a invité les deux parties à une audience de conciliation en octobre. Si aucun accord n’est trouvé à cette occasion, les quatre Indonésien·ne·s peuvent engager une procédure civile contre Holcim.

Par ailleurs, ils réclament une réduction rapide des émissions excessives de CO2 du groupe. Selon les recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU en 2019, afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, les émissions de CO2 doivent être réduites de 43 % d’ici 2030. Or, Holcim s’est fixé pour objectif une réduction de ses émissions directes de CO2 de 17,5 % seulement, et ce, par tonne de ciment et non en chiffres absolus. Un objectif bien trop modeste pour empêcher de futurs dégâts sur l’île de Pari.

Bobby CfCJ
Justice climatique
Call for Climate Justice

Les habitant·e·s de l’île de Pari réclament la justice climatique auprès de Holcim. Vous aussi, soutenez leur combat !

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