Protest Apouh Kamerun
Article de blog de Silva Lieberherr et Marie Crescence Ngobo

Lutte contre le désert vert

Lutte contre le désert vert

Aujourd’hui, 21 septembre, c’est la Journée internationale de lutte contre les monocultures d’arbres – palmiers à huile, hévéas ou eucalyptus – qui s’étendent souvent sur des milliers d’hectares. Pour les personnes qui vivent alentour, ces déserts verts sont souvent synonymes d’accaparement des terres, de destruction des moyens de subsistance et de violence.   

Les droits de nombreuses personnes vivant près de monocultures d’arbres dans les pays du Sud sont souvent bafoués. Le 21 septembre est la journée de celles et ceux qui luttent contre ce phénomène. Par exemple, les femmes de l’association AFRISE, au Cameroun. Dans le village d’Apouh a Ngog, la Société Camerounaise de Palmeraies (Socapalm) veut remplacer ses anciens palmiers à huile, afin d’augmenter la productivité de la plantation. AFRISE et d’autres groupes s’opposent depuis de nombreuses années à ces replantations.. 
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Silva Lieberherr
Accaparement des terres
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En novembre 2023, AFRISE a lancé une pétition. Les femmes décrivent comment, depuis plus de 50 ans, la Socapalm plante des palmiers à huile juste à côté de leurs maisons et même sur les tombes de leurs ancêtres. Et comment les villageois·e·s luttent contre la perte de leurs terres. Les habitant·e·s d’Apouh demandent à la Socapalm de ne pas planter de palmiers à huile aussi près de leurs maisons. Ils veulent récupérer leur « espace vital », environ 250 hectares de terres autour de leurs villages, pour pouvoir y pratiquer l’agriculture et vivre dignement.

Les habitant·e·s d’Apouh s’attendaient à ce que l’entreprise leur rende ces terres une fois les arbres devenus vieux. Mais la Socapalm a refusé d’entendre leurs demandes et a commencé à planter de nouveaux palmiers au même endroit en août 2024. AFRISE a continué à lutter : tout le village s’est mobilisé. Coiffés de foulards rouges, les habitant·e·s se sont rendus sur les terres contestées pour protester par des danses et des chants. Ils ont remporté un premier succès : les autorités locales ont ordonné l’arrêt des nouvelles plantations jusqu’à ce que l’entreprise ait trouvé un accord avec le village.  

Cela se passe certes en Afrique, à des milliers de kilomètres d’ici. Pourtant, en Suisse, nous sommes loin d’être étrangers à cette situation. Notamment parce que la Socapalm est une filiale de Socfin, une entreprise de plantations luxembourgeoise dont le centre opérationnel se trouve en Suisse. Ou parce que la Suisse cofinance des institutions comme la Banque mondiale, qui soutient et permet cette économie des plantations. Mais surtout parce que des luttes comme celle d’AFRISE ont besoin de soutien, de la Suisse et du monde entier.

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