Image conférence âge et migration
David Trotta / EPER
Article de blog de Laura Duchauchoy-Creuzin du 16.01.2024

Les seniors migrant·e·s et la santé

Les seniors migrant·e·s et la santé

Dans le canton de Vaud, 34 % de la population est étrangère et 20 % des retraité·e·s le sont également. Une fois à la retraite, la santé peut devenir un enjeu. Le 13 novembre dernier, j’ai assisté à une table ronde organisée par le programme Âge et Migration de l’EPER et l’Institut et Haute École de la Santé La Source sur l’accès aux soins de ces seniors migrants dans le canton. Ce blog retrace le fil de la discussion et les enjeux de cette thématique.

Nous sommes en fin de journée à la Haute École de la Santé La Source, à Lausanne, où a lieu une table ronde sur les obstacles et les défis de l’accès aux soins pour les seniors migrants dans le canton de Vaud. La salle se remplit peu à peu. Le public, composé d’une trentaine de personnes, est assez éclectique avec autant des personnes âgées que de possibles étudiant·e·s ou membres de la profession. Quatre intervenant·e·s participent à cette table ronde. Claudio Bolzman, professeur honoraire de la Haute école de travail social de Genève, Catherine Demaret, infirmière en soins généraux, Elma Hadžikadunić, responsable du programme Âge et Migration de l’EPER pour la Suisse romande et Oriana Villa, directrice adjointe de la direction santé communautaire du Canton de Vaud.

La discussion démarre et, premier constat, la population étrangère en Suisse et dans le canton de Vaud n’est pas homogène. Les retraité·e·s vaudois viennent autant des pays voisins tels que l’Italie ou l’Allemagne que du Portugal ou des pays d’ex-Yougoslavie, mais la plupart restent en Suisse à la retraite.

Portrait Laura Duchauchoy-Creuzin
Laura Duchauchoy-Creuzin

Laura Duchauchoy-Creuzin travaille à l’EPER en tant que stagiaire en communication

Le coût des soins, chez les personnes immigrées, est le principal obstacle à l’accès à la santé et s’accentue lorsqu’elles arrivent à la retraite.

Ces communautés vivent en Suisse depuis plusieurs décennies, mais pour elles, les obstacles et les défis de l’accès aux soins sont nombreux. Le coût des soins, chez les personnes immigrées, est le principal obstacle à l’accès à la santé et s’accentue lorsqu’elles arrivent à la retraite. En effet, santé et migration sont parfois deux termes antinomiques. Pour les migrant·e·s, la santé est certes un enjeu, mais pas de premier ordre. Leur vie étant généralement tournée vers le travail, elle laisse peu de place à la santé. Cette population a également davantage de problèmes de santé dus à leur parcours migratoire et à une vie plus précaire en Suisse. Ainsi, des traumatismes anciens ou du stress liés à leur parcours peuvent influencer leur santé sur le long terme. En raison de leur statut précaire, qui ne leur permet parfois pas de s’arrêter de travailler, beaucoup renoncent à des soins ou attendent pour se faire soigner et ne vont chez le médecin que lorsqu’ils n’ont plus le choix. Enfin, certains sujets, tels que la santé mentale, restent tabous chez les personnes migrantes, ne facilitant pas leur prise en charge.

En raison de leur statut précaire, qui ne leur permet parfois pas de s’arrêter de travailler, beaucoup renoncent à des soins ou attendent pour se faire soigner et ne vont chez le médecin que lorsqu’ils n’ont plus le choix. 

Le projet lancé par le canton de Vaud en 2023, « Vieillir 2030 », vise à combler ces défauts d’accès. Il ambitionne, entre autres, de favoriser l’accès aux soins pour les seniors, notamment les seniors migrants dans le canton, grâce à différents projets mis en place en collaboration avec les associations et les ONG présentes sur le terrain. Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, Âge et Migration, un programme de l’EPER créé il y a un peu plus de 10 ans qui soutient les migrant·e·s seniors établis dans les cantons de Vaud et de Genève en facilitant leur accès aux informations et aux prestations relatives à la santé, a lancé le projet pilote « Vieillir en santé ». Le projet aide les seniors migrants à s’informer et à se familiariser avec le réseau socio-sanitaire vaudois, à travers des ateliers thématiques, afin d’améliorer leur qualité de vie.

Le projet "Vieillir en santé" aide les seniors migrants à s’informer et à se familiariser avec le réseau socio-sanitaire vaudois, à travers des ateliers thématiques, afin d’améliorer leur qualité de vie.

La table ronde se termine sur une note positive car elle a su démontrer que de nombreux projets sont mis en œuvre dans le canton afin que les seniors migrant·e·s aient pleinement accès au système de santé.

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