Prise de position du 27 septembre 2024

Évolution du statut d’« admission provisoire »

Admission provisoire – quo vadis ? Le statut d’« admission provisoire » est contesté depuis des années. L’Entraide Protestante Suisse (EPER) critique les fortes restrictions juridiques liées à ce statut et demande un nouveau statut de protection humanitaire pour les personnes qui fuient la guerre et la misère pour venir en Suisse. Une évaluation actuelle du Conseil fédéral montre comment pourrait évoluer la discussion ces prochaines années. 

Aujourd’hui, il existe en Suisse trois titres de séjour relevant du droit d’asile qui donnent le droit de rester en Suisse : la reconnaissance en tant que réfugié·e (permis B), l’admission provisoire (statut F) et la protection provisoire (statut S), qui est accordée depuis 2022 aux personnes ayant fui l’Ukraine. Ces trois titres de séjour impliquent des droits et des obligations très différents. Le statut d’« admission provisoire », en particulier, est assorti de fortes limitations qui rendent très difficiles la vie et l’intégration des personnes concernées.

Vorläufige Status
Yves Leresche

Le statut de protection S n’est appliqué en Suisse que depuis 2022. Il est, sur certains points, plus souple que l’admission provisoire. Les différences de traitement entre les personnes ayant fui la guerre – selon qu’elles sont originaires d’Ukraine ou non – ont été et sont encore discutées et critiquées par l’opinion publique (voir à ce sujet la prise de position de l’EPER du 3 octobre 2022). Un nouveau rapport d’évaluation, réalisé à la demande de la Confédération, dresse un bilan intermédiaire du statut de protection S et montre dans quelle mesure celui-ci et l’admission provisoire pourraient être rapprochés. Sur la base des conclusions de ce rapport, le Conseil fédéral décidera en 2025 si des adaptations doivent être apportées aux deux titres de séjour.

À ce jour, la communication du Conseil fédéral laisse cependant peu de raisons d’espérer une amélioration du statut d’admission provisoire : premièrement, le rapport recommande le maintien des deux statuts. Un nouveau statut de protection humanitaire, qui maintiendrait les petits avantages du statut de protection S (p. ex. la liberté de voyager en Europe) et les étendrait à d’autres personnes, ne semble donc pas prévu. Deuxièmement, le Conseil fédéral souligne que les mesures à prendre ne doivent en aucun cas conduire à des « incitations supplémentaires à la migration ». Ce que cela signifie exactement semble clair dans le contexte politique actuel : à l’heure où le Parlement envisage sérieusement de supprimer purement et simplement le regroupement familial pour les personnes admises à titre provisoire, il ne faut guère s’attendre à ce que le Conseil fédéral fasse des propositions d’améliorations juridiques d’envergure pour les personnes admises à titre provisoire.

L’EPER continuera malgré tout à s’engager pour un débat objectif et fondé sur les droits humains ainsi que pour des améliorations juridiques concrètes pour les personnes réfugiées. Les personnes qui fuient la guerre et la misère pour venir en Suisse doivent y obtenir un droit de séjour qui leur permette non seulement d’être en sécurité, mais aussi de participer à la vie sociale.

Joëlle Herren
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