Prise de position du 22 août 2024

Réduction du délai d’attente pour le regroupement familial des personnes admises à titre provisoire

En Suisse, les personnes réfugiées admises à titre provisoire devaient jusqu’à présent attendre trois ans avant de pouvoir déposer une demande de regroupement familial. Désormais, ce délai d’attente est réduit à deux ans. Cette modification législative fait suite à un recours déposé par le Service d’aide juridique aux exilé·e·s (SAJE) de l’Entraide Protestante Suisse (EPER), à Lausanne. L’EPER salue cette évolution, mais estime qu’il faudrait renoncer complètement à un délai d’attente pour le regroupement familial.  

 

En règle générale, une personne qui se réfugie en Suisse parce qu’elle a fui la guerre ou les conflits violents, par exemple en Syrie ou en Afghanistan, bénéficie d’une admission provisoire. Environ 45 000 personnes admises à titre provisoire vivent aujourd’hui en Suisse. Bien que la grande majorité d’entre elles reste durablement en Suisse, leur statut juridique est nettement moins bon que celui des réfugié·e·s reconnus. Jusqu’à présent, les personnes admises à titre provisoire devaient attendre trois ans après l’octroi de l’admission provisoire avant de pouvoir déposer une demande de regroupement familial. Ce délai d’attente est souvent précédé d’une longue période de séparation de la famille pendant le trajet jusqu’en Suisse et la procédure d’asile. Ainsi, il s’écoule généralement des années avant que les personnes réfugiées puissent être réunies avec leurs enfants mineurs ou leur conjoint·e. Or, ce temps précieux – surtout lorsque de jeunes enfants sont impliqués – est perdu et ne peut plus être récupéré.

HEKS unterstützt im BAZ Altstätten Unbegleitete Minderjährige Asylsuchende
HEKS

En réaction à un arrêt du Tribunal administratif fédéral (TAF), le Conseil fédéral a proposé de faire passer le délai de carence pour le regroupement familial de trois à deux ans. L’EPER a participé à la consultation sur la modification correspondante de la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration (LEI).  

L’EPER salue la décision de réduire le délai d’attente pour le regroupement familial, mais déplore qu’il reste encore deux ans d’attente : deux ans de trop, surtout quand la vie de jeunes enfants est en jeu. Pour ces derniers, un regroupement familial aussi rapide que possible permettrait qu’ils puissent retrouver le plus vite possible leurs parents et fréquenter le plus tôt possible l’école en Suisse pour maximiser leurs chances de suivre une bonne formation professionnelle. L’expérience tirée des consultations de l’EPER montre en outre que l’attente des retrouvailles avec la famille représente une charge considérable pour toutes les personnes concernées. Cela a souvent des répercussions négatives sur leur processus d’intégration et leur développement personnel.

Pour ces raisons, l’EPER estime qu’un délai d’attente pour le regroupement familial n’est pas pertinent et ne se justifie pas objectivement. L’organisation s’engage donc en faveur de la suppression de toutes les restrictions au regroupement familial des personnes admises à titre provisoire, notamment le délai d’attente et le critère d’indépendance de l’aide sociale.

Tant que le délai d’attente est maintenu, l’EPER demande d’autres adaptations concrètes des bases légales afin d’améliorer efficacement l’accès au regroupement familial. Vous trouverez le détail des revendications de l’EPER dans sa réponse à la consultation (lien en allemand).

Joëlle Herren
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Le combat juridique de l’EPER pour le droit à la famille

L’arrêt du TAF, à l’origine de la présente modification de la loi, fait suite à un recours déposé par le Service d’aide juridique aux exilé·e·s (SAJE) de l’EPER, à Lausanne.

En 2016, après un voyage traumatisant, une mère érythréenne arrivée en Suisse avec son fils de cinq ans a demandé l’asile dans le pays. Elle a été admise provisoirement. Malgré de graves problèmes de santé, elle a réussi à apprendre le français et à trouver un emploi. Étant donné la santé également fragile de son fils, elle souhaitait pouvoir compter sur le soutien de son mari qui a fui l’Érythrée, mais n’a pu la suivre en Suisse. Toutefois, sa demande de regroupement familial a été rejetée par le Secrétariat d’État aux migrations (SEM), au motif que le délai de carence de trois ans applicable aux personnes admises à titre provisoire n’était pas encore échu.  

Se fondant sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (affaire M.A. contre Danemark), le SAJE a déposé un recours contre cette décision et a obtenu gain de cause : dans son arrêt, le TAF a souligné que le droit de mener une vie familiale devait être examiné au cas par cas et que les limitations devaient être proportionnées. L’intérêt supérieur de l’enfant doit primer.

Cette affaire montre que les bureaux de consultation juridique de l’EPER n’offrent pas seulement un soutien important aux individus : ils obtiennent aussi régulièrement des décisions de principe qui font jurisprudence et contribuent ainsi à des améliorations juridiques pour les personnes réfugiées en Suisse.  

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