Dans de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique du sud, les systèmes traditionnels d’échange de graines sont en danger : au prétexte de protéger « la propriété intellectuelle », des lois sont promulguées qui interdisent aux familles paysannes de réutiliser, d’échanger et de vendre leurs propres semences. Derrière cette évolution se cachent les géants de l’agroalimentaire qui, à l’instar de Syngenta, Monsanto ou DuPont, entendent ainsi se faire une place sur les marchés des pays du sud. En effet, en vendant leurs propres semences, ils créent par la même occasion un débouché tout cuit pour les pesticides qu’ils fabriquent et sans lesquels leurs variétés hydrides génétiquement modifiées ne poussent pas.
C’est ainsi que l’on voit les pays en développement tendre vers ce qui est déjà devenu la triste réalité d’une bonne partie de l’Europe et aux Etats-Unis où l’agriculture industrielle est bien plus répandue : la domination d’une poignée de grands semenciers qui entraine dans son sillage le déclin inexorable de la diversité végétale.
Pour les familles paysannes du sud, cette évolution est fatale car au lieu de pouvoir pratiquer leur propre sélection, puis d’échanger ou de commercialiser leurs graines comme avant, elles sont obligées d’acheter très cher des semences et de l’engrais, se retrouvant ainsi happées dans la spirale infernale de la dépendance et de l’endettement.
« Parler de semences, c’est parler d’êtres vivants. Et, en disant cela, je ne pense pas uniquement aux semences elles-mêmes, mais aussi aux peuples indigènes et aux animaux. Ils sont tous liés. Déposer des brevets sur des semences, c’est du vol. On s’approprie le savoir de nos ancêtres, qui ont développé ces semences. Aucune entreprise ni aucun individu n’a le droit de s’arroger la propriété d’une plante. Nous faisons tout pour l’empêcher. »
Activiste-semences Carmen Lozano, Ecuador