Bauernfamilien testen Saatgut in Honduras
Sabine Buri
Semences

Variété au lieu des monocultures

Semences

Dans la plupart des pays en développement, la coutume veut que les familles paysannes produisent elles-mêmes leurs propres semences. De nouvelles lois relatives à la protection des obtentions végétales entendent limiter drastiquement ce droit et rendre ces familles dépendantes des multinationales de l'agroalimentaire.

Plus de la moitié des denrées alimentaires dans le monde est le fruit du travail des petit·e·s paysan·ne·s. Dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, ces personnes utilisent pour leur production des semences issues de leur propre récolte, troquées contre celles d’autres familles paysannes ou achetées sur les marchés locaux.

Dans de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique du sud, les systèmes traditionnels d’échange de graines sont en danger : au prétexte de protéger « la propriété intellectuelle », des lois sont promulguées qui interdisent aux familles paysannes de réutiliser, d’échanger et de vendre leurs propres semences. Derrière cette évolution se cachent les géants de l’agroalimentaire qui, à l’instar de Syngenta, Monsanto ou DuPont, entendent ainsi se faire une place sur les marchés des pays du sud. En effet, en vendant leurs propres semences, ils créent par la même occasion un débouché tout cuit pour les pesticides qu’ils fabriquent et sans lesquels leurs variétés hydrides génétiquement modifiées ne poussent pas.

C’est ainsi que l’on voit les pays en développement tendre vers ce qui est déjà devenu la triste réalité d’une bonne partie de l’Europe et aux Etats-Unis où l’agriculture industrielle est bien plus répandue : la domination d’une poignée de grands semenciers qui entraine dans son sillage le déclin inexorable de la diversité végétale.

Pour les familles paysannes du sud, cette évolution est fatale car au lieu de pouvoir pratiquer leur propre sélection, puis d’échanger ou de commercialiser leurs graines comme avant, elles sont obligées d’acheter très cher des semences et de l’engrais, se retrouvant ainsi happées dans la spirale infernale de la dépendance et de l’endettement.

Recht auf Saatgut

« Parler de semences, c’est parler d’êtres vivants. Et, en disant cela, je ne pense pas uniquement aux semences elles-mêmes, mais aussi aux peuples indigènes et aux animaux. Ils sont tous liés. Déposer des brevets sur des semences, c’est du vol. On s’approprie le savoir de nos ancêtres, qui ont développé ces semences. Aucune entreprise ni aucun individu n’a le droit de s’arroger la propriété d’une plante. Nous faisons tout pour l’empêcher. »

Activiste-semences Carmen Lozano, Ecuador

Faits et chiffres

Ce que fait l'EPER

Au sud:

  • Consolider les réseaux: l'EPER permet à ses partenaires de participer à des ateliers et à des rencontres internationales qui favorisent leurs contacts et sont l’occasion pour eux d’échanger expériences et stratégies dans leur lutte contre les nouvelles lois sur les semences. C’est ainsi que plusieurs partenaires sud-américains ont pu profiter du vécu de leurs collègues au Guatemala et en Colombie où de telles lois ont pu être mises en échec par des organisations indigènes et paysannes.
  • Aider le travail de plaidoyer des partenaires du sud: l'EPER fournit une assistance technique et financière à ses partenaires du sud dans leur lutte contre de nouvelles lois relatives aux semences qui priveraient les paysan-ne-s de leurs droits tout en favorisant les multinationales de l’agroalimentaire. Ceci passe notamment par une participation au processus de révision législative, par la tenue d’événements publics, par le transfert de connaissances quant aux pratiques qui ont cours dans d’autres pays ou par des analyses juridiques.
  • Promouvoir le travail de formation: beaucoup de paysan-ne-s ne sont pas au courant des effets que peuvent avoir les lois relatives aux semences ou à la protection des obtentions végétales. L'EPER aide ses partenaires à remplir leur mission d’information et de formation tout en encourageant les alternatives (foire d’échange de graines, projets de lois alternatifs, etc.).
  • Favoriser l’essor de banques végétales: l'EPER promeut la mise sur pied de banques végétales permettant de conserver et de préserver les variétés traditionnelles.

Au Nord:

  • Etendre les réseaux au nord: l'EPER encourage la mise en réseau de différentes organisations de développement en Suisse et dans l’UE afin d’approfondir leurs connaissances, d’intensifier leurs échanges, de faire du lobbying commun et de publier des prises de position.
  • Sensibiliser les consommateurs: beaucoup de consommateurs et consommatrices ne sont pas conscients que notre alimentation se trouve dorénavant entre les mains de quelques multinationales. Par le biais d’articles de presse, par la diffusion de bulletins et dans ses propres publications, l'EPER éclaire le public sur cet état de fait et sur les manières d’y réagir.
  • Surveiller Syngenta: l’un des plus grands semenciers au monde dispose d’un siège social en Suisse. C’est pourquoi l'EPER scrute les activités de Syngenta à la loupe afin de faire pression par le biais de mesures politiques ou grâce à l’opinion publique.
  • Garder la législation européenne dans le viseur : l’UE est aussi en train de resserrer sa législation sur les semences d’une manière qui favoriserait les grands groupes agroalimentaires. L'EPER soutient les initiatives et les pétitions qui se lèvent contre ce tournant inconsidéré dans la politique de l’Union.
Tina Goethe
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Tél. : +41 31 380 65 93
E-mail : tina.goethe@heks.ch

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