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HEKS
Israël/Palestine

Les Bédouines du désert ont la main verte !

Les Bédouines du désert ont la main verte !

Textes et photos : Kerstin Goeller (Responsable du programme Israel/Palästina)
 

Dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël, l’EPER aide les femmes bédouines à tirer profit de leurs traditions ancestrales pour gagner en autonomie.

Un potager ? Et après ? Nous voici en plein désert du Néguev – dans le sud d’Israël – face à un carré potager cultivé à côté d’une hutte en tôle ondulée. Face à nous, plusieurs rangées de plantes arrosées avec peine. Derrière nous, deux plates-bandes surélevées garnies de persil. À première vue, tout cela semble un peu improvisé. Nous sommes accompagnés d’Amal et de Samira, deux Bédouines membres de « Sidreh » – une organisation partenaire de l’EPER – en pleine discussion animée avec une femme voilée du village. Nous ne pouvons malheureusement pas les photographier : les traditions religieuses et culturelles nous l’interdisent. Les femmes de Sidreh, elles, se sont habituées à ces règles.

Composé principalement de quelques tentes et cabanes en tôle, le hameau en question est l’un des 34 villages bédouins non reconnus du désert de Néguev. « Non reconnu » signifie qu’officiellement, les habitants n’ont pas le droit de vivre ici. De ce fait, ils ne sont approvisionnés ni en eau ni en électricité. Et les problèmes des Bédouin·e·s ne s’arrêtent pas là : comme les hameaux sont souvent très isolés, les femmes ont peu de contacts avec le monde extérieur. Aussi, l’organisation Sidreh fournit un travail essentiel sur place, en leur donnant l’occasion de découvrir ce qui se passe en dehors de leur village.

Fondée en 1998, l’organisation non gouvernementale (ONG) Sidreh informe les femmes bédouines du Néguev sur leurs droits et les aide à les faire valoir au sein de leurs communautés. Tout a commencé avec l’art du tissage traditionnel : à l’époque, les Bédouines ont pu vendre leurs fabrications artisanales et dégager ainsi des revenus. Heureuses de cette nouvelle autonomie, de plus en plus de femmes ont exprimé le souhait d’apprendre à lire et à écrire. Aujourd’hui, la question ne se pose plus : les filles vont à l’école, notamment grâce au travail sans relâche d’organisations telles que Sidreh. Deux des femmes qui avaient appris à lire et à écrire ont même passé la maturité et obtenu un bachelor. Pour les Bédouines, cet accès à l’éducation est d’autant plus important qu’il leur permet de s’émanciper progressivement de leurs maris.
 
Hilfe für Frauen im Negev
Kerstin Göller

Préserver les traditions pour améliorer ses conditions de vie

C’est en 2013 qu’est née l’idée d’exploiter des potagers, la population souhaitant notamment faire revivre une tradition ancestrale apportée par les Nabatéens, connus pour la ville de Petra, en Jordanie. En effet, ce peuple arabe qui s’était installé dans la région entre 600 et 100 av. J.-C. était passé maître dans l’art de gérer une exploitation agricole avec des ressources minimales – soit le peu d’eau de pluie qui tombait dans le désert. Malheureusement, ce savoir-faire est largement tombé dans l’oubli. Les responsables de Sidreh ont notamment constaté que la population des villages non reconnus se nourrissait principalement de conserves : les hommes partent souvent travailler dans d’autres villes d’Israël en semaine. Quand ils reviennent le week-end, c’est chargés d’aliments en conserves pour leur famille. Car sans électricité, impossible d’avoir un réfrigérateur, et donc des produits frais.

Autre problème, les femmes vivant dans des villages isolés sont souvent cantonnées aux tâches domestiques – tradition oblige. Les responsables de Sidreh ont donc mis au point un projet de jardins potagers pour surmonter cet obstacle : cultivés autour des huttes des villages, ils sont arrosés de manière économe, avec de l’eau de pluie récoltée dans des containers. Un concept qui fait ses preuves sur plusieurs plans : les femmes bédouines ont une occupation quotidienne qui a du sens et apprennent à gérer une petite exploitation agricole de manière écologique. Enfin, elles récoltent littéralement les fruits de leur travail – des légumes frais qui subviennent aux besoins de leur famille. Résultat : leur alimentation est plus saine, les maladies se font plus rares et les femmes sont davantage estimées par leur famille.
Ein Garten für Frauen - Hilfe im Negev
Kerstin Göller

Le potager, une ouverture sur le monde extérieur

Certaines femmes ont tellement la main verte qu’avec l’aide de Sidreh, elles cultivent plus de légumes qu’il n’en faudrait pour leur famille. Elles peuvent ainsi les vendre au marché ou dans les villages voisins. Le potager est une véritable ouverture sur le monde extérieur, car en vendant leurs légumes ailleurs, les femmes peuvent quitter leur cocon et voir ce qui se passe au-delà de leur village. Souvent, elles gèrent et investissent elles-mêmes les revenus qu’elles dégagent.

Bien sûr, une telle évolution ne se fait pas du jour au lendemain : Sidreh a dû fournir un travail en amont. Le représentant du village est le premier interlocuteur d’Amal : sans son approbation et son soutien, un tel projet serait voué à l’échec. En cas de conflit, le représentant joue le rôle de médiateur – d’où l’importance de le faire adhérer à la démarche.

Sidreh aide également les femmes bédouines pour toutes les questions d’ordre familial, notamment en cas de violence domestique. Elle profite des activités de maraîchage pour les informer sur leurs droits de manière officieuse. Si elle estime qu’un conflit nécessite une intervention extérieure, elle prend contact avec une partie tierce afin qu’elle prenne le relais. L’organisation évite ainsi d’être dans une position contestataire vis-à-vis des hommes, car l’émancipation des femmes doit forcément passer par eux.

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Programme pays Israël/Palestine
Une société forte pour une cohabitation pacifique

En Israël/Palestine, l’EPER veut promouvoir une paix fondée sur la justice et le respect des droits humains en s’appuyant sur la société civile et les organisations locales et internationales.