75 ans de l’EPER en images

intro

L’Entraide Protestante Suisse (EPER) a été fondée en janvier 1946 par la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (aujourd’hui Eglise évangélique réformée de Suisse). Il y a 75 ans, son objectif était de lutter contre l’immense misère qui frappait l’Europe d’après-guerre. Au fil des décennies, l’entraide des Eglises pour la reconstruction a laissé place à un travail de coopération au développement et à une aide d’urgence à l’échelle mondiale, ainsi qu’à un soutien aux personnes réfugiées et socialement défavorisées en Suisse. « L’EPER n’a pas changé le monde. Nous sommes trop petits pour cela. Mais elle a constamment envoyé des signaux pour montrer qu’un autre monde était possible », témoigne une ancienne collaboratrice de l’EPER.
Et c’est précisément de ces signaux qu’il s’agit cette année. L’exposition photo présentée dans le cadre des 75 ans de l’EPER dévoile 24 photos impressionnantes, reflets de leur époque. Elles illustrent les grandes étapes et les moments décisifs, surprenants, voire moins connus de l’histoire de l’EPER, et son engagement constant pour une vie dans la dignité.

 

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1. Le point de collecte de l’EPER à Männedorf (ZH)

Rien qu’entre 1945 et 1946, les paroisses suisses récupèrent des tonnes de vêtements, chaussures, articles ménagers, couvertures, savons, conserves, pommes de terre, etc. pour leurs voisins européens. Situé à Männedorf, ce point de collecte central est mis sur pied pour réceptionner, trier, emballer et expédier les affaires données par la population. L’EPER dispose alors de points
de collecte à Bâle, Morges, Koblenz, Brugg, Kreuzlingen, Uetikon, Buchs et Ostermundigen. Durant ses dix premières années d’existence, l’organisation réquisitionne 1900 wagons de chemins de fer pour acheminer les biens à la population démunie des pays voisins ravagés par la guerre.

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2. Enfants venus de Mühlheim qui rentrent chez eux après un séjour de trois mois en Suisse, en janvier 1949

« Le 10 janvier 1949, 42 enfants rayonnants retrouvent leurs parents à Mühlheim après un séjour de trois mois en Suisse », lit-on au dos de la photo. A cette époque, l’EPER offre en effet des séjours de vacances de trois mois aux enfants réfugiés ou venant de régions touchées par la guerre. L’objectif est qu’ils puissent oublier quelque temps les horreurs de la guerre et la détresse de leur pays d’origine. Des familles suisses offrent des « places » chez elles et se chargent des coûts et du logis. Une collaboratrice de l’EPER qui avait accueilli les enfants à la frontière se souvient : « La plupart de ces enfants étaient très maigres et avaient peur. Après leur séjour, la différence était frappante ! Bon nombre d’entre eux ont été " nourris " comme il se doit ». Durant les dix premières années d’existence de l’EPER, plus de 6000 enfants et jeunes font des séjours en Suisse.

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3. Un foyer pour enfants soutenu par l’EPER à Zabkowice (Pologne) reçoit une petite visite de la Suisse, en 1955

« Aider les enfants démunis fait partie des plus belles missions de l’EPER », raconte le secrétaire général de l’EPER, Heinrich Hellstern, en 1954. A ses débuts, l’EPER fonde ou soutient des foyers pour enfants et des orphelinats dans de nombreux pays, tels que la Schweizer Haus Hadersdorf à Vienne, destinée à l’origine aux enfants en bas âge souffrant de malnutrition ; un foyer pour les enfants réfugiés à Berlin ; la Casa del Fanciullo, pour les enfants précarisés à Naples et un foyer pour enfants (voir photo) à Zabkowice, en Pologne, qui accueille environ 50 orphelines et orphelins. Les parrainages pour enfants sont aussi vieux que l’EPER : pour CHF 10 par mois, les personnes intéressées peuvent offrir un soutien matériel à un enfant à l’étranger et tisser des liens avec lui. En 1964, l’EPER avait instauré des parrainages avec 3460 enfants venus de 14 pays. Dès 1980, le service de parrainage change d’approche : il mise davantage sur les parrainages collectifs qu’individuels.

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4. Intérieur de la Casa Locarno, 1963

En collaboration avec le Conseil oecuménique des Eglises, l’EPER fonde la Casa Locarno, au Tessin. L’institution se veut un lieu de rencontre et de réconciliation dans un contexte d’après-guerre. Durant ses premières années d’existence, la « Casa » est surtout une maison de vacances et de repos destinée aux personnes travaillant dans le domaine ecclésial et venues des pays voisins touchés par la guerre. Mais c’est aussi un lieu qui réunit des personnes venues de pays auparavant ennemis, comme l’Allemagne et la Hollande, ainsi que des pays de l’Est et de l’Ouest. En cohabitant et en s’asseyant à la même table, elles développent un sentiment de communauté. Dans la Casa Locarno, on ne donne pas de conférence, on ne prend pas de grande décision. Il s’agit simplement d’un lieu où les personnes de toutes cultures peuvent se rencontrer, échanger et apprendre à s’estimer et à s’apprécier – même si elles ont souvent des avis très différents. Durant les 20 premières années, 5000 personnes de 36 nationalités et 14 communautés religieuses différentes y séjournent. « A la Casa, nous nous sommes soudés ; j’ai fait l’expérience de l’oecuménisme. De nombreuses amitiés sont nées ici. Un endroit comme celui-là reste dans notre coeur », explique une Hollandaise qui y a séjourné.

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5. La standardiste Heidi Schlatter – « la femme qui était au courant de tout » – en 1959, au bureau de Zurich

Au début, le personnel de l’EPER ne comptait que deux personnes : le secrétaire général et pasteur Heinrich Hellstern et sa secrétaire. Soutenue par l’association pour les personnes protestantes à l’Est (Verein für die Evangelischen im Osten), l’EPER achète la maison située à la Stampfenbachstrasse 123 et peut ainsi instaurer son propre bureau suisse à Zurich. « Dès ses débuts, l’EPER dispose donc des ressources techniques indispensables pour accomplir sa mission. Heureusement, nous avons toujours trouvé le personnel nécessaire. Nous faisions toujours attention à ne pas embaucher plus de personnes que nécessaire pour notre travail », écrit Heinrich Hellstern dans son dixième rapport annuel.

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6. « Offrir son aide » dans sa version originale

En 1955, l’EPER envoie 50 chèvres suisses en Grèce grâce au fonds « Aide suisse à l’Europe ». Elles sont offertes aux orphelinats et aux familles paysannes précarisées.

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7. Arrivée à la gare de Weesen

En 1951, l’EPER fonde un home pour les personnes âgées réfugiées à Weesen. En 1949, l’EPER reprend une partie des mandats de « l’aide évangélique aux réfugiés ». Elle récolte alors de petites sommes et s’occupe de l’accompagnement de 600 (à l’époque) personnes réfugiées protestantes en Suisse. Il s’agit principalement de suivi individuel : « L’EPER a une nouvelle mission : c’est un travail intense qui suscite de nombreux conflits, mais nécessaire. Pour pouvoir le mener à bien, elle a dû apprendre beaucoup de choses », se souvient le secrétaire général de l’époque, Heinrich Hellstern. Deux ans plus tard, l’EPER fonde Pelikan. Situé à Weesen, ce home accueille environ 70 personnes réfugiées réformées et orthodoxes qui sont dans une situation d’asile durable. Bon nombre d’entre elles viennent d’Europe de l’Est, notamment de Russie. Elles se sont retrouvées dans une situation critique sous le nouveau régime communiste, après la seconde guerre mondiale. Grâce à l’EPER, qui gère cette institution pendant plus de 40 ans, les personnes âgées réfugiées ont de nouveau un « chez-elles » où elles peuvent finir leurs jours.

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8. L’EPER lance son travail de coopération au développement dans les pays du Sud

Première étape : le sud de l’Inde, en 1958. Grâce aux collectes des Eglises cantonales, l’EPER met sur pied un atelier d’apprentis outilleurs au sud de l’Inde. Les débuts sont difficiles. Les organes ecclésiastiques de la région ont du mal à accepter les apprentis qui ne sont pas de confession chrétienne. Pour l’EPER, c’était une condition non négociable dès le départ. Malgré quelques obstacles au début, le projet est un succès. Fondée en 1982, la Nettur Technical Training Foundation compte cinq centres d’apprentissage et quatre sites de production. Grâce à son indépendance financière, sa direction peut être confiée à une personne indienne compétente. Mais l’EPER réalise vite que ce projet n’atteint pas les personnes les plus démunies de la société indienne. Plus politique et ciblé, son travail s’oriente alors en faveur des personnes défavorisées comme les hors-castes, les Adivasis ou les femmes. Cette décision stratégique marquera la suite de son travail de coopération au développement. 
 

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9. Après le soulèvement des écolières et des écoliers à Soweto en juin 1976, réprimé dans le sang, l’Afrique du Sud est le théâtre d’émeutes et de manifestations pendant plusieurs semaines.

L’EPER prend clairement position contre le régime de l’apartheid du pays. « L’EPER est et a toujours été politique. C’est une nécessité », écrit le secrétaire général et pasteur Hans Schaffert. A partir des années 1970, l’EPER s’engage pour les populations opprimées par le racisme et l’apartheid en Angola, au Zimbabwe et en Afrique du Sud, et les soutient dans leurs efforts pour obtenir l’égalité des droits. Elle participe également à un programme « antiracisme » mené par le Conseil oecuménique des Eglises, ce qui lui attire de nombreuses critiques. Forte de l’expérience concrète de ses projets en Afrique du Sud, l’EPER prend position publiquement contre l’Union de banques suisses (UBS), qui a contourné volontairement l’embargo de l’ONU. Les activités bancaires de cette dernière en Afrique du sud la poussent à mettre un te me à sa relation avec la banque renommée en 1986. La position de l’EPER déclenche la colère d’une partie de l’opinion publique suisse. « Aujourd’hui, presque personne ne remettrait cette décision en question. L’EPER n’était ni particulièrement courageuse, ni progressiste. Elle a simplement fait ce qui était juste » se souvient Franz Schüle, successeur du secrétaire général Hans Schaffert. 

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10. Arrivée des personnes réfugiées vietnamiennes à l’aéroport de Zurich, en 1979.

Entre 1979 et 1980, la Suisse accueille environ 7000 personnes réfugiées venues du Vietnam et du Cambodge. Les accompagner et les aider à s’intégrer en Suisse est une grande responsabilité pour les oeuvres d’entraide. Rien qu’en 1979, l’EPER suit pas moins de 707 réfugiés venus du Vietnam et du Cambodge. C’est grâce à l’implication active de la population que les oeuvres d’entraide peuvent remplir leur mission – offrir un « accueil humain » aux personnes réfugiées. Plus de 700 groupes de citoyennes et de citoyens suisses sont en effet constitués pour accompagner et soutenir les personnes réfugiées au quotidien. En 1980, le Service aux réfugiés de l’EPER suit environ 1000 personnes réfugiées, soit presque cinq fois plus que pendant les années précédentes. Le service doit donc recruter d’autres collaboratrices et collaborateurs et chercher des locaux plus grands. 
10-75 ans

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11. Des travailleuses dans une plantation d’ananas sur l’île de Mindanao, au sud des Philippines, en 1981

Des plantations d’ananas à perte de vue... un paysage typique de l’île de Mindanao, au sud des Philippines. Bon nombre de ces cultures appartiennent à l’entreprise américaine Del Monte, spécialisée dans les denrées alimentaires. De nombreux travailleurs et travailleuses sans terre, et souvent sans droit, sont confrontés à quelques gros propriétaires. Depuis plusieurs années, l’EPER soutient ses organisations partenaires aux Philippines. Elles aident les personnes travaillant dans les plantations ainsi que les petits paysans sans terre à faire valoir leurs droits. En 1981, l’EPER et Pain pour le prochain réalisent un diaporama pour sensibiliser la population suisse aux conditions précaires dans les plantations Del Monte et à l’acquisition illégale de terres au détriment des petits paysans. En 1982, la Fédération des coopératives Migros (FCM) organise un échange entre l’EPER, Pain pour le prochain (PPP), les directrices et directeurs de Del Monte et les représentantes et représentants de Migros. L’EPER et PPP demandent l’intégration d’une clause sociale dans les contrats de livraison entre Migros et Del Monte. Cette revendication aboutit enfin en 1983, grâce à un travail de relations publiques de longue haleine. 

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12. La séance annuelle de l’EPER le 7 mai 1983 à Lausanne – bilingue, évidemment !

Depuis sa création, l’EPER se veut l’oeuvre de toutes les Eglises réformées de Suisse. Pour le premier secrétaire général Heinrich Hellstern, le lien entre l’EPER et les Eglises romandes était déjà essentiel. Le 15 novembre 1948, le pasteur Charles Freundler reprend la direction de l’EPER en Suisse romande, en qualité de secrétaire à temps plein. Grâce à ses mesures, de nombreuses Eglises romandes viennent soutenir le travail de l’Entraide Protestante Suisse (EPER). Durant ses premières années d’existence, l’objectif principal de l’EPER était d’instaurer un lien avec les Eglises réformées des pays latins d’Europe. Cette répartition du travail a fait ses preuves depuis longtemps. « Parmi ses richesses, l’EPER compte au moins deux langues, deux cultures, deux mentalités. Tout comme notre pays, elle vit avec cette frontière linguistique. Elle doit constamment jeter des ponts entre les deux rives de la Sarine », écrit le secrétaire général Hans Schaffert. Aujourd’hui encore, cette zone de tension interculturelle et les obstacles à la compréhension se font toujours sentir, et représentent parfois un défi. Mais grâce à une collaboration entre les deux cultures, ces éléments constituent surtout une chance pour l’organisation, qui peut ainsi renforcer son impact sur le terrain.

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13. Des personnes réfugiées tamoules dînent dans un centre de transit suisse, en 1986

Les années 1980 sont marquées par les grands débats autour des personnes réfugiées et de l’asile. « Aujourd’hui déjà, nous sommes impliqués dans un nouveau problème qui nous occupera sans doute encore longtemps et de manière intense : le nombre croissant de personnes requérantes d’asile », lit-on dans le rapport annuel de 1982. Les bureaux régionaux de l’EPER voient le jour entre 1980 et 1985. En effet, afin de conseiller et de soutenir plus spécifiquement les personnes requérantes d’asile, l’EPER instaure des bureaux de consultation juridique pour les demandeurs d’asile à Bâle et Berne, puis à Zurich, St-Gall, en Argovie, ainsi qu’à Lausanne et à Genève. L’EPER dirige également deux centres de transit, l’un à Studen (BE), l’autre à Lauffohr (AG). En 1986, le bureau régional des deux Bâle lance un projet pionnier : « L’aide au logement pour les demandeurs d’asile » de l’EPER permet de décentraliser l’hébergement de ces personnes et leur accompagnement au logement. Mandatée par le service social de la ville de Bâle, l’EPER loue des logements pour les personnes requérantes d’asile. En collaboration avec les paroisses, elle les aide également à nouer des liens avec leur voisinage, afin qu’elles aient plus qu’un toit sur la tête durant leurs débuts difficiles en Suisse.

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14. En décembre 1985, les collaboratrices et les collaborateurs de l’EPER organisent une manifestation silencieuse à l’Eglise du Saint-Esprit (Heiliggeistkirche), à Berne.

En 1985, les autorités ont une montagne de demandes d’asile à traiter – pas moins de 32 000 – et exécutent des renvois même dans des cas de rigueur. La plupart des cantons décrètent une interdiction de travailler pour les personnes requérantes d’asile. Le rejet de la population vis-à-vis des personnes étrangères, réfugiées ou demandant l’asile se fait de plus en plus sentir. Les Suissesses et les Suisses concernés ont en effet peur d’être au chômage et d’être confrontés à une surpopulation étrangère. Entrée en vigueur en 1981, la loi sur l’asile est révisée pour la première fois trois ans plus tard. Ce « durcissement » de la législation est accepté par une large majorité – par le même peuple qui avait insisté pour accueillir de nombreux réfugiés d’Asie de l’Est quelques années plus tôt. Sur le plan politique, l’EPER lutte contre l’aggravation des débats sur l’asile et le durcissement dans l’application de la loi sur l’asile. Sur la scène publique, elle défend une politique d’asile humaine. Au printemps 1985 paraît un mémorandum intitulé « Aux côtés des réfugiés ». Il a été corédigé par les trois Eglises nationales et le Service aux réfugiés de l’EPER.

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15. Paysan roumain après la chute du communisme

A la fin de la guerre froide, l’EPER complète le soutien qu’elle apporte aux Eglises dans de nombreux anciens Etats membres du bloc de l’Est par une aide au développement et des projets de développement rural. La Roumanie est l’un des derniers pays d’Europe centrale à assister à la chute du régime communiste. Grâce aux bons contacts qu’elle entretient avec ses partenaires ecclésiaux dans le cadre de la collaboration avec les Eglises, l’EPER organise le premier transport d’aide des grandes oeuvres d’entraide suisses en 1989. Peu de temps après, l’EPER lance un programme de développement rural régional. Grâce à l’organisation, des jeunes paysans roumains peuvent effectuer des stages de quatre mois dans les Grisons. Les coopératives fromagères, boulangeries et autres petites entreprises bénéficient d’aides de départ et de crédits. L’EPER crée la fondation Rural finance LAM pour promouvoir l’agriculture et les petites et moyennes entreprises. Elle existe encore à ce jour. 

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16. Un petit paysan brésilien pendant l’occupation des autorités agricoles organisée par le Mouvement des sans-terre (MST), à Salvador, Bahia

Dès 1955, l’EPER soutient des projets destinés à la mise en oeuvre des réformes agraires en Amérique latine. Elle s’engage pour les personnes déplacées et sans terre. « L’EPER est convaincue que sans réforme agraire sociale, il n’y aura pas de paix. L’accès à la terre est donc au coeur de tous nos programmes en Amérique latine », lit-on dans le rapport annuel de 1995. Au Brésil, le Mouvement des sans-terres (Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra ou MST), fondé en 1984, s’engage pour l’application de la réforme agraire nationale. Actions politiques et occupations des terres visent à faire pression sur le gouvernement et à aider les sans-terre à obtenir leur propre terrain. L’EPER soutient le MST dans ses actions depuis 1985 environ. Au fil des années, elle a aidé plusieurs milliers de familles brésiliennes à obtenir un titre foncier, à exploiter leurs terres de manière agro-écologique et à développer des réseaux de distribution. 

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17. Tirana, Albanie, avril 1999 : des personnes réfugiées du Kosovo dans un parc d’attractions à l’arrêt et transformé en camp de réfugiés.

Les années 1990 sont marquées par la guerre des Balkans. L’EPER alloue plusieurs millions de francs à l’acheminement de biens de première nécessité en Bosnie, dans plusieurs régions serbes et croates, et plus tard au Kosovo. Cette action est notamment rendue possible grâce à son partenaire de longue date, l’organisation d’entraide ecclésiale et oecuménique EHO, en Voïvodine. L’EPER avait contribué à sa fondation avant la guerre. Les conflits aux Balkans déclenchent un nouvel afflux de personnes réfugiées. Elles sont des dizaines de milliers à se rendre en Suisse. L’EPER soutient bon nombre d’entre elles via des projets d’accompagnement, de conseil ou d’aide à la préparation de leur retour. 

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18. Aperçu de l’atelier pour vélos de « TGjob », un projet d’insertion professionnelle lancé en 1997. 

En 1991, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (aujourd’hui EERS) ajoute l’« engagement pour les personnes socialement défavorisées » au mandat confié à l’EPER pour son travail en Suisse. L’EPER met son savoir-faire acquis en accompagnant des personnes de culture étrangère au service de projets d’intégration. Ces derniers sont ouverts non seulement aux personnes réfugiées, mais aussi aux personnes suisses socialement défavorisées. En 1992, elle lance ainsi son premier projet national pour les Suissesses et les Suisses, à Birseck : l’accompagnement au logement pour les personnes souffrant d’une addiction. S’ensuivent alors les premiers projets des bureaux régionaux dans le domaine de l’insertion professionnelle. Créé en 1996 dans le canton d’Argovie, le projet « EPER Réseau emplois » trouve par exemple des missions professionnelles de six mois pour des personnes au chômage. Le projet « EPER Kick » est un programme d’occupation pour les jeunes sortant de l’école et à la recherche d’un emploi. Créé en 1997 par le bureau régional de Suisse orientale, « TGjob » soutient quant à lui les personnes qui sont au chômage depuis longtemps. 

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19. Jigmey Lodoe Shugongtsang a fui le Tibet et vit en Suisse depuis 2012

L’EPER lui met une parcelle de jardin à disposition à Yverdon, qu’il cultive avec beaucoup de plaisir. En 2003, une fondation suisse mandate l’EPER pour créer un projet pilote axé sur le concept des jardins interculturels. Deux ans plus tard, le Bureau régional des deux Bâle loue pour la première fois des jardins communautaires aux femmes réfugiées seules ou à leur famille. Aujourd’hui, les bureaux régionaux de l’EPER gèrent 30 « Nouveaux Jardins » en Suisse romande et alémanique. Les personnes réfugiées et migrantes ont souvent beaucoup perdu en quittant leur pays. Au sein des « Nouveaux Jardins », elles peuvent retrouver une certaine stabilité, établir leurs racines dans leur nouveau pays, nouer des liens, pratiquer le français ou l’allemand et améliorer ainsi leur niveau linguistique. 

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20. Noël 2004, un tsunami ravage le sud de l’Inde et cause plusieurs centaines de milliers de morts.

Mary, femme d’un pêcheur, perd ses deux petites-filles. « J’étais dans la cuisine avec ma fille et mes deux petits-enfants. Tout d’un coup, mon mari et mon beau-fils se sont mis à crier et les vagues ont déferlé contre les murs. Je me suis accrochée à une poutre. Les flots se déchaînaient dans la maison, qui s’est vite retrouvée complètement inondée. Quand la situation s’est calmée, je suis allée chercher Sahana et Pinia, mes petites-filles. Elles étaient mortes noyées. Les bateaux, les filets de pêche, nos objets ménagers... Tout est parti. Toute la maison est détruite », raconte Mary. Le 26 décembre 2004, un séisme dans l’Océan indien déclenche un tsunami qui ravage les régions du littoral. L’EPER fournit une aide d’urgence via son organisation partenaire en Inde. Elle participe ensuite à un vaste projet de reconstruction au Sri Lanka, qui s’est clôturé avec succès en 2007. « Ce tsunami est unique en raison de sa gravité exceptionnelle et de la couverture médiatique importante qu’il a généré. A chaque catastrophe, nous sommes soumis à une énorme pression les premiers jours : nous devons impérativement agir de manière compétente et judicieuse », raconte Franz Schüle, secrétaire général de l’EPER à l’époque. 

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21 Vêtu d’un « chüjermutz », Donghua Li fait une démonstration de l’exercice de cheval d’arçons qui lui a valu la médaille d’or aux Jeux Olympiques.

En 2015, plus de 60 millions de personnes dans le monde sont en fuite. Elles tentent souvent de rejoindre l’Europe. Début 2016, de nombreux pays situés le long de la route des Balkans ferment leurs frontières. Résultat : beaucoup de personnes réfugiées s’y retrouvent bloquées. L’EPER est notamment présente en Serbie, où elle distribue des biens de première nécessité et met des logements à disposition. En 2016, elle lance en Suisse la campagne nationale « Annoncer la couleur ». Une large coalition d’oeuvres d’entraide, d’institutions sociales et d’individus appellent les responsables politiques et le public à davantage de solidarité, à une discussion constructive autour des personnes réfugiées et à une politique de l’asile humaine. En 2018, l’EPER organise une fête pour une Suisse humaine et solidaire, qui réunit des personnes de toutes origines dans la gare de Zurich. Des individus suisses, réfugiés et de nombreuses personnalités se déhanchent sur des danses folkloriques jusqu’au bout de la nuit. 

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22. Dimitru Naghi (86 ans) vit à Cluj, en Transylvanie

Chaque semaine, il reçoit la visite du personnel soignant du service de soins à domicile créé par l’Eglise réformée de Roumanie. Durant ses premières années de collaboration avec les Eglises, l’EPER met l’accent sur les contributions versées pour l’entretien des infrastructures et sur le service de bourses et de littérature. Aujourd’hui, les programmes de collaboration avec les Eglises tournent principalement autour de la mission diaconale des Eglises partenaires réformées en Europe centrale et de l’Est et au Proche-Orient. L’EPER s’engage pour que les Eglises protestantes soient perçues comme des organisations pertinentes dans leurs pays respectifs, ouvertes à la société et qui s’impliquent activement et de manière responsable, notamment en faveur des plus vulnérables et des personnes défavorisées. Au fil des décennies, de nombreux projets ecclésiaux encourageants ont ainsi vu le jour dans le cadre de la collaboration avec les Eglises. Parmi eux, des programmes pour enfants en Syrie, ravagée par la guerre, des projets d’intégration des Roms, de soutien aux personnes souffrant d’un handicap ou de développement de services de soins à domicile pour les personnes âgées, isolées et nécessitant des soins en Europe de l’Est. On peut notamment citer le service de soins à domicile Diakonia, fondé par l’Eglise réformée de Transylvanie, en Roumanie. 

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23. En mai 2020, les camps de réfugiés rohingyas situés au sud du Bangladesh ont été frappés à leur tour par la pandémie de coronavirus. 

L’EPER distribue du matériel d’hygiène pour protéger les personnes du virus, en particulier les personnes âgées. En 2020, le COVID-19 est partout dans le monde et ne laisse aucun répit. Le nouveau virus surcharge les hôpitaux de nombreux pays. Les confinements nationaux entraînent des crises économiques. L’EPER lance très rapidement un programme d’aide d’urgence de grande envergure en Suisse et dans les pays où elle est active. L’objectif est de soutenir les personnes qui n’ont presque aucun moyen de se protéger contre le virus et qui sont particulièrement touchées par la crise. 

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24. La famille Pouye, originaire du village de Soune, à l’Ouest du Sénégal – novembre 2020

En 2012, la famille est au coeur de la campagne nationale de l’EPER, intitulée « Favoriser le développement ». En 2012, la famille Pouye est confrontée à de nombreux problèmes : absence de titres fonciers, maigres récoltes, sols secs ... Sans compter les inondations causées par la mousson, qui ravagent les terres fertiles. Soutenue par ENDA Pronat, une organisation partenaire de l’EPER, la population apprend à construire des barrières de pierre et des haies brise-vent pour protéger ses terres de l’érosion. Dans des champs destinés à la formation, les familles paysannes acquièrent des connaissances sur la culture de fruits et de légumes, l’irrigation et les moyens naturels de lutte contre les ravageurs. « Cette famille a des perspectives », lisait-on sur l’affiche de la campagne en 2012. Cette promesse a-t-elle été tenue ? Environ huit ans plus tard, Mor Pouye témoigne : « Le projet m’a beaucoup aidé, surtout grâce aux techniques de culture que j’ai apprises, adaptées aux conditions locales difficiles. Les manguiers poussent malgré le manque d’eau et j’ai amélioré mes revenus. Les travaux de protection communs contre l’érosion qui sont menés autour du village ont fait leurs preuves. Il y a toujours un gros problème : je n’ai pas de titre foncier pour les terres que je cultive. » L’EPER et son organisation partenaire de longue date ENDA Pronat continuent à soutenir la population de Soune en ce sens.

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