« Aider les autres, c’est cela qui nous rend humains. »

Dasha est une jeune maman. Elle vit à Balti, une ville moldave située à seulement 250 km d’Odessa, en Ukraine. Quand la Russie a envahi l’Ukraine le 24 février 2022, Dasha n’a pas hésité à accueillir une famille qui avait fui le conflit dans sa modeste maison.

Natalia et son fils âgé de neuf ans ont fui Odessa avec un sac à dos pour seul bagage. Ils se sont dirigés vers la frontière la plus proche, celle avoisinant la Moldavie, avant de rejoindre Balti, une ville comptant une forte communauté ukrainienne et russophone.

Natasha et Dasha
Simon Chambers, ACT allliance

Il faisait nuit quand Natalia et son fils ont frappé à ma porte.

Plusieurs centaines de Moldaves s’étaient rendus à la frontière pour aider les réfugié·e·s. Natalia a été mise en lien avec Dasha via ce réseau informel.

« Il faisait nuit quand Natalia et son fils ont frappé à ma porte, se souvient Dasha. La peur se lisait dans son regard. Comment aurais-je pu ne pas les accueillir ? Je suis maman moi aussi, alors quand j’ai vu que des enfants avaient dû fuir leur pays, je me devais de leur ouvrir ma porte. »

Depuis son arrivée chez Dasha le 28 février 2022, Natalia a été rejointe par sa sœur et son enfant, ainsi que par sa mère. Ils vivent maintenant sous le même toit. Les deux familles s’entendent très bien, prennent soin l’une de l’autre et se soutiennent mutuellement.

Mais les premières semaines ont été difficiles. « Les premiers jours, Natalia avait les yeux rivés sur son téléphone. Elle lisait constamment les nouvelles de la guerre. Son fils était anxieux. Il demandait tout le temps pourquoi il y avait une guerre, pourquoi ils avaient dû partir, et quand ils pourraient rentrer », raconte Dasha.

C’est important pour nous de soutenir aussi bien les réfugié·e·s que les familles qui les accueillent.

Méfiants au début, et s’évitant dans la maison, les enfants ont finalement noué des liens forts : un jour, ils ont même demandé à Dasha dans quelle chambre ils pourraient dormir ensemble.

Durant l’année écoulée, les deux familles ont été soutenues par un programme de l’EPER et d’ACT Alliance en faveur des réfugié·e·s ukrainiens et de leurs familles d’accueil. La famille de Natalia a reçu des bons pour acheter de la nourriture, des vêtements, des articles d’hygiène, ainsi que des choses utiles pour l’hiver comme des couvertures, des draps, des bottes et des gants. La famille de Dasha a reçu des briquettes de bois pour chauffer la maison.

Il y a bien plus de réfugié·e·s chez des particuliers moldaves que dans des centres d’accueil pour personnes réfugiées, explique Silvia Bicenco, de l’EPER : « C’est important pour nous de soutenir aussi bien les réfugié·e·s que les familles qui les accueillent. »

La vie de Natalia est beaucoup plus stable aujourd’hui. « Avant, j’étais enseignante à Odessa, dans une école pour élèves ayant des besoins spécifiques, raconte-t-elle. Maintenant, je donne des cours en ligne. Mes étudiant·e·s viennent du monde entier. Certain·e·s sont restés en Ukraine. Nous avons un programme de cours quotidien, mais nous arrêtons tou·te·s dès que nous entendons les sirènes annonçant les raids aériens à Odessa. »

Son fils, maintenant âgé de dix ans, s’est bien acclimaté. « À Odessa, il faisait du karaté. Il a pu continuer ici, et il prend aussi des cours d’anglais, d’art et de chant, dit-elle en souriant. Je le vois à peine ! Je regarde mon téléphone de temps en temps pour m’assurer qu’il va bien. »

Nous ne sommes pas une famille aisée, mais en voyant ces enfants qui fuyaient leur pays en guerre... nous n’avons pas hésité une seconde à les accueillir. Les moments difficiles créent des liens plus forts que les moments heureux. Je partage simplement ce que j’ai.

Elle garde le contact avec sa famille à Odessa. Son père est resté sur place pour surveiller leur propriété. Ils ont pu leur rendre visite en août, il y a six mois.

Personne ne sait comment la situation évoluera en Ukraine, mais la maison de Dasha reste un havre de paix pour Natalia et sa famille. Dasha est bien décidée à rester disponible pour ses hôtes, qui sont devenus des amis proches.

« Nous ne sommes pas une famille aisée, dit-elle. Mais en voyant ces enfants qui fuyaient leur pays en guerre... nous n’avons pas hésité une seconde à les accueillir. Les moments difficiles créent des liens plus forts que les moments heureux. Je partage simplement ce que j’ai. » Et de conclure : « Aider les autres, c’est cela qui nous rend humains. Je me dois d’être une bonne personne et d’aider les autres. »

 

Article de Simon Chambers, ACT Alliance, partenaire de l’EPER