Prise de position du 10 novembre 2023

Guerre en Israël/Palestine : l’EPER appelle à un cessez-le-feu immédiat et augmente son aide d’urgence

Un mois après le début de la dernière escalade de la violence en Israël/Palestine, la situation pour la population civile, en particulier dans la bande de Gaza, est de plus en plus alarmante. Les bombardements constants et le manque de voies d’évacuation sûres et d’accès humanitaire entraînent une grave catastrophe humanitaire pour la population touchée. L’EPER appelle à un cessez-le-feu immédiat pour permettre un accès suffisant à l’aide humanitaire et augmente son aide d’urgence, qui atteint maintenant CHF 1 million. L’organisation appelle également toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire.

Dans la bande de Gaza, qui est presque entièrement coupée du reste du monde, la crise humanitaire est de plus en plus alarmante. Environ 1,5 million de personnes ont dû fuir leur foyer et chercher refuge dans la bande de Gaza. Les conditions sanitaires dans les abris d’urgence sont extrêmement précaires et l’accès à l’eau potable est rarement garanti. Résultat : les personnes souffrent de plus en plus d’infections des voies respiratoires, de maladies de la peau et de diarrhée. Cette situation est particulièrement inacceptable pour les individus vulnérables tels que les personnes âgées ou malades.  

Plusieurs dizaines de milliers de bâtiments et d’infrastructures importantes ont déjà été détruits ou endommagés. Parmi eux, des écoles, des boulangeries et des installations d’approvisionnement en eau. Plus d’un tiers des hôpitaux ont déjà dû fermer et l’accès à l’eau, à la nourriture, à l’électricité, au carburant, aux médicaments et à d’autres biens de première nécessité est de plus en plus difficile. Les connexions Internet et le réseau téléphonique sont également souvent interrompus, ce qui empêche les habitant·e·s d’appeler les services d’urgence ou de communiquer sur la crise qu’ils traversent. 

Flüchtende aus Gaza
Keystone

Appel au cessez-le-feu et au respect du droit international humanitaire

Afin d’offrir une protection sans conditions à la population civile, et au vu de la catastrophe humanitaire sans précédent dans la bande de Gaza, un cessez-le-feu ainsi qu’un accès sûr pour l’aide humanitaire sont nécessaires de toute urgence. L’EPER appelle le Conseil fédéral à s’engager fermement en ce sens dans le cadre des instances internationales, notamment le Conseil de sécurité des Nations Unies. Il faut empêcher que le conflit ne fasse davantage de victimes parmi les civil·e·s en Israël, à Gaza et dans les territoires occupées. L’accès à une aide vitale doit également être assurée pour toutes les personnes dans le besoin. Tou·te·s les otages civils doivent être libérés immédiatement et sans conditions.

L’EPER appelle à un respect sans conditions du droit international humanitaire (DIH) par toutes les parties au conflit, dont les Conventions de Genève, ses Protocoles additionnels et toutes les règles applicables du droit international coutumier. Elle condamne également les violations graves commises jusqu’à maintenant.  

Le DIH est clair sur le fait que les civil·e·s doivent être protégés. Les attaques menées par le Hamas sur des civil·e·s le 7 octobre 2023 représentent une violation claire de cette règle. Il en est de même pour les tirs de roquettes sans discrimination effectués par le Hamas et d’autres groupes armés sur des civil·e·s israéliens. Le meurtre délibéré de civil·e·s, la prise d’otages et le traitement inhumain de personnes sont des crimes de guerre.

Au sens du DIH, les militaires israéliens ont des obligations claires à assumer. Ils doivent garantir que toutes les opérations militaires opèrent une distinction entre les combattant·e·s et les civil·e·s, ainsi qu’entre les objectifs militaires et les biens à caractère civil. En outre, ils doivent s’assurer que les attaques se limitent à des objectifs militaires légaux et restent strictement soumises à des règles interdisant les attaques sans discrimination et garantissant la proportionnalité. Il faut veiller constamment à épargner la population civile, les civil·e·s et les biens à caractère civil. En outre, toutes les précautions pratiquement possibles doivent être prises en vue d’éviter, et en tout cas de réduire au minimum, les pertes en vies humaines dans la population civile, les blessures aux personnes civiles et les dommages aux biens de caractère civil qui pourraient être causés accidentellement. Les armes lourdes explosives ne devraient pas être utilisées dans des zones densément peuplées, où elles causeront presque certainement des dommages conséquents chez les civil·e·s.  

À ce jour, il n’existe aucun passage sûr permettant aux civil·e·s à Gaza de fuir la violence ni de couloir pour assurer l’acheminement de matériel humanitaire. L’accès humanitaire est pourtant protégé par le droit international humanitaire. Aussi, tant le Hamas qu’Israël sont dans l’obligation d’assurer que le matériel humanitaire essentiel parvienne aux civil·e·s piégés à Gaza. Les biens essentiels à la survie de la population civile sont protégés spécifiquement par le DIH. La méthode de guerre consistant à affamer des civil·e·s en les privant d’objets indispensables à leur survie relève du crime de guerre. En outre, les punitions collectives, par exemple le fait de punir, de sanctionner ou de harceler un groupe en raison d’actions commises par d’autres, sont strictement interdites par le DIH.

La bande de Gaza subit un blocus depuis des années et la situation humanitaire était déjà extrêmement difficile pour la population avant la récente escalade de la violence. L’EPER est présente dans la région depuis de nombreuses années, plaidant pour le dialogue et la compréhension et soutenant la population civile dans la revendication de ses droits fondamentaux. Ce travail en faveur du dialogue doit se poursuivre. L’EPER est préoccupée par la hausse des discours haineux et des crimes de haine des deux côtés du conflit, ainsi que par l’antisémitisme qui sévit dans de nombreux pays, et menace également vie des personnes juives en Europe. Tout dialogue doit avoir pour base un positionnement clair et cohérent contre l’antisémitisme et d’autres formes de racisme.  

Réponse humanitaire

Grâce à sa collaboration étroite avec ses organisations partenaires fiables et de longue date en Palestine et en Israël, ainsi qu’avec d’autres organisations d’aide internationales travaillant dans la région du conflit, l’EPER a pu lancer ses premières mesures d’aide d’urgence peu de temps après le début des hostilités.

En ce moment, les personnes déplacées internes dans la bande de Gaza sont soutenues par nos organisations partenaires locales, en collaboration avec d’autres organisations internationales, dans le cadre des possibilités actuelles. Les personnes qui ont fui vers le sud reçoivent des colis de denrées alimentaires ou de l’argent en espèces pour subvenir à leurs besoins de base. Des réservoirs d’eau sont installés dans les abris d’urgence et les enfants bénéficient de conseils psychosociaux et d’activités de loisirs. 

Mobile Backöfen in Gaza
CIVITAS

Nos organisations partenaires en Cisjordanie et en Israël sont également soutenues dans leur travail en faveur des communautés touchées par la récente escalade de la violence. En Égypte, l’EPER se prépare à acheminer dès que possible du matériel de secours vers Gaza via le point de passage de Rafah. D’autres projets sont prévus dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et en Israël, et nous suivons avec inquiétude l’évolution de la situation à la frontière israélo-libanaise.

Pour le moment, toute réponse humanitaire n’est possible que dans une certaine mesure et dans des conditions très difficiles. Nous sommes extrêmement inquiets pour la sécurité de notre personnel dans la bande de Gaza et de celui de nos organisations partenaires. En effet, le sud de la bande de Gaza, où de nombreuses personnes déplacées internes ont trouvé refuge et où une aide est fournie, continue d’être bombardé. Nous déplorons le décès de deux membres du personnel de nos organisations partenaires au cours des dernières semaines. Nos pensées vont vers nos nombreux partenaires des deux côtés qui ont perdu des proches. Nous sommes extrêmement reconnaissants de la manière avec laquelle notre personnel et celui de nos organisations partenaires font tout leur possible pour soutenir la population civile dans cette situation extrêmement difficile. 

Anne Geiger De Feo
Responsable du Département communication, Siège romand
Anne Geiger De Feo

Mobile: +41 79 454 67 02

Merci pour votre soutien !

Votre don a de grands effets

CHF
90
CHF
150
CHF
250
CHF
Montant à choix
Attribution de votre don