Prise de position du 12 avril 2024

Les Aînées pour le climat obtiennent un arrêt historique pour la justice climatique

Le 9 avril 2024, la Cour européenne des droits de l’homme a affirmé presque à l’unanimité que la protection du climat est un droit humain et que la Suisse a violé ce droit. Selon l’arrêt rendu, la politique climatique lacunaire de la Suisse et ses objectifs insuffisants en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre constituent une violation des droits humains des Aînées pour le climat.  

Huit ans après avoir entamé une bataille juridique contre la Confédération pour sa politique climatique insuffisante – huit années au cours desquelles leurs demandes ont été rejetées par toutes les instances nationales – l’association des Aînées pour le climat, forte de 2500 membres, a finalement obtenu gain de cause dans un arrêt historique de la Cour de Strasbourg. La Cour a conclu qu’il y avait eu violation du droit au respect de la vie privée et familiale et du droit à un procès équitable.

Gruppenfoto Klimaseniorinnen (Foto: Shervine Nafissi)
Shervine Nafissi

Selon l’arrêt, les mesures entreprises par la Suisse ne sont pas suffisantes pour limiter le réchauffement planétaire et le pays n’a jusqu’à présent pas atteint les objectifs qu’il s’était fixés en matière de réduction des émissions de GES. Il apparaît donc clairement que, si la Suisse n’agit pas immédiatement pour réduire rapidement ses émissions de gaz à effet de serre, elle continuera de violer les droits humains, en Suisse, mais aussi ailleurs.  

En effet, les répercussions des changements climatiques sont bien plus fortes dans les pays du Sud et menacent les droits humains de millions de personnes. Il est donc essentiel que des États comme la Suisse réduisent rapidement et durablement leurs émissions de gaz à effet de serre. D’une part, ces États portent une responsabilité historique dans le réchauffement climatique mondial. D’autre part, ils disposent de moyens financiers et scientifiques suffisants.  

Toutefois, du point de vue de la justice climatique, les États ne sont pas les seuls responsables. Une poignée d’entreprises émettent bien plus de gaz à effet de serre que l’ensemble de la Suisse. Parmi elles, le groupe cimentier suisse Holcim, qui émet chaque année deux fois plus de CO2 que la Suisse et dont les émissions historiques de CO2 sont trois fois supérieures à celles du pays helvétique.  

Frauenstreik mit Asmania und Klimaseniorinnen (Bild: Daniel Rihs)
Daniel Rihs

Quatre habitant·e·s de l’île indonésienne de Pari, qui risque de disparaître sous les eaux à cause des changements climatiques, mettent aujourd’hui Holcim face à ses responsabilités dans le réchauffement planétaire. Ils ont saisi le tribunal cantonal du canton de Zoug pour violation de leurs droits de la personnalité et de leurs droits humains, car Holcim – comme la Suisse – s’est fixé des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pas assez ambitieux et que le groupe a une responsabilité historique majeure dans le réchauffement mondial. Holcim est donc en partie responsable des dommages déjà subis par les plaignant·e·s et de la menace que représente l’élévation du niveau de la mer pour leur existence future sur l’île.  

Il s’agit désormais d’attendre de voir si l’arrêt rendu dans l’affaire des Aînées pour le climat aura une incidence sur la plainte des Indonésien·ne·s.  

Plus d’informations sur la plainte climatique des quatre Indonésien·ne·s sur : www.callforclimatejustice.org 

Bobby CfCJ
Justice climatique
Call for Climate Justice

Les habitant·e·s de l’île de Pari réclament la justice climatique auprès de Holcim. Vous aussi, soutenez leur combat !