Prise de position du 21 septembre 2023

Nouvelle stratégie sans vision d’avenir

Dans leurs réponses à la consultation sur la stratégie de coopération internationale (CI), l’Entraide Protestante Suisse (EPER) et Alliance Sud critiquent les plans du Conseil fédéral relatifs à la nouvelle orientation de la CI 2025–2028. Le cadre financier, en particulier, a des conséquences dramatiques pour le Sud. L’EPER demande en outre qu’une place plus importante soit accordée au renforcement des droits humains.

Des crises multiples et les conséquences de la guerre d’agression contre l’Ukraine ont entraîné de graves reculs dans la lutte contre la pauvreté et une augmentation des inégalités mondiales. La réalisation des objectifs de l’Agenda 2030 s’éloigne toujours davantage. C’est pourquoi l’intention du Conseil fédéral de puiser dans les fonds consacrés à la CI les ressources financières dont l’Ukraine a urgemment besoin pour sa reconstruction est tout à fait incompréhensible. Cela conduit à une diminution des fonds disponibles pour le Sud frappé par les crises.
 
Neue Strategie ohne Weitblick
© Parlamentsdienste 3003 Bern / Béatrice Devènes

« Une coopération internationale efficace et suffisamment dotée financièrement est plus urgente que jamais. Une situation extraordinaire comme la guerre en Ukraine réclame des moyens extraordinaires ; les populations du Sud global ne doivent pas en payer la facture », s’insurge Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement.

L’effondrement prévu de l’aide publique au développement à 0,36 % du revenu national brut est également dramatique. « Un taux aussi bas – la moitié de l’objectif convenu au niveau international et le niveau le plus bas depuis une décennie – est absolument inacceptable et indigne d’un pays riche comme la Suisse », poursuit Andreas Missbach.

Renforcer la coopération avec la société civile

Sur le plan du contenu, la stratégie mise sur la continuité, mais manque d’ancrer les débats internationaux au niveau national. Aucune référence n’est par exemple faite à la prise en compte des principes d’efficacité de la coopération au développement reconnus au niveau international, pas plus qu’il n’est fait concrètement mention de la localisation de la coopération, qui fait l’objet de débats cruciaux au sein du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Dans sa réponse à la consultation sur le sujet, l’EPER demande en outre que la stratégie accorde davantage d’importance au renforcement des droits humains et à la protection des défenseuses et des défenseurs de ces droits. « Ce sont là des conditions indispensables à une société civile forte et dynamique, qui est aujourd’hui soumise à une pression accrue partout dans le monde », affirme Tina Goethe, coresponsable de la politique du développement à l’EPER. 

Pour promouvoir des institutions et des processus participatifs et démocratiques, les droits humains et la paix ainsi que la lutte contre l’injustice et la corruption, la collaboration avec la société civile est essentielle et doit être renforcée.

 

Lire la réponse de l’EPER à la consultation (en allemand)

Tina Goethe
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