Prise de position du 24 février 2022

Responsabilisation des entreprises : l’UE établit des règles, la Suisse se doit de lui emboîter le pas

La Commission européenne a présenté un projet de loi sur la responsabilisation des entreprises de l’Union européenne. La proposition contraint ces dernières à respecter les droits humains et l’environnement. En cas de manquement, elle prévoit des sanctions et l’engagement de la responsabilité civile des entreprises concernées. La Suisse doit à son tour prendre des mesures.

La nouvelle directive doit s’appliquer aux entreprises de l’Union européenne employant au moins 500 personnes et réalisant au moins 150 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. Elle introduit une obligation de diligence étendue concernant le respect des droits humains et des normes environnementales internationales. Les entreprises exerçant des activités dans des secteurs à risques (p. ex. industrie textile, extraction de matières premières ou agriculture) seront quant à elles soumises à la loi à partir de 250 employé·e·s et d’un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros, dès lors qu’elles génèrent au moins 50 % de leur chiffre d’affaires dans ces secteurs-là. Les entreprises de pays tiers, comme la Suisse, qui réalisent au moins 150 millions d’euros de chiffre d’affaires dans l’UE seront également concernées. Par ailleurs, les entreprises doivent garantir que leur stratégie commerciale est compatible avec les objectifs de l’accord de Paris.  

Menschenrechte gelten auch für Konzerne - Konzernverantwortung
Meinrad Schade/HEKS

Large soutien du monde économique 

Pour faire appliquer ces règles, l’UE aura recours à des mesures et à des sanctions plus strictes que celles proposées par l’initiative pour des multinationales responsables : les États membres seront chargés de désigner des autorités de surveillance qui pourront infliger des amendes. En outre, la directive prévoit un régime de responsabilité civile incluant les activités des filiales, des fournisseurs et même, à certaines conditions, des fournisseurs indirects. De nombreuses entreprises avaient elles aussi demandé une directive européenne efficace et s’étaient prononcées explicitement pour la mise en place d’un régime de responsabilité – parmi elles : Nestlé, Danone, Epson, Ikea, Mondelez ou encore Ferrero.  

Les promesses faites doivent être tenues 

La proposition de l’UE va plus loin que l’initiative pour des multinationales responsables (IMR) sur certains points, et donc bien plus loin que le contre-projet alibi qui est entré en vigueur le 1er janvier 2022. En effet, le contre-projet du Conseil fédéral n’institue des obligations de diligence que dans deux domaines (travail des enfants et minerais de conflit) et abandonne complètement les contrôles et sanctions.  

Durant la campagne de vote autour de l’IMR, le Conseil fédéral a souligné à plusieurs reprises qu’il aspirait à une solution coordonnée au niveau international. L’EPER et la coalition pour des multinationales responsables considèrent qu’il est maintenant de la responsabilité du Conseil fédéral et du Parlement de tenir cette promesse et de s’assurer que la Suisse ne soit pas bientôt le seul pays d’Europe sans vraies mesures de responsabilisation des entreprises. 

Nina Burri
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Économie et droits humains
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