Bidibidi, Flüchtlingslager Uganda
Jjumba Martin
Article de blog de Manuel Gysler du 11 décembre 2023

L’occasion de mobiliser

L’occasion de mobiliser

Du 13 au 15 décembre 2023, des actrices et des acteurs du monde entier se réuniront à Genève à l’occasion du 2e Forum mondial sur les réfugiés (Global Refugee Forum). Il s’agit de la plus grande rencontre au monde sur ce thème. Des représentant·e·s de gouvernements, des participant·e·s de la société civile et du secteur de l’économie ainsi que des personnes réfugiées discuteront ensemble des champs d’actions centraux. Ils s’engageront aussi à contribuer à la réalisation des objectifs définis dans le Pacte mondial sur les migrations. Le fait qu’un tel dialogue ait lieu est essentiel pour trouver des solutions à l’échelle internationale et instaurer une solidarité entre les États. L’EPER participera également à cette discussion en donnant deux exemples de « bonnes pratiques » tirés de son programme dans le camp de réfugié·e·s de Bidibidi, en Ouganda.

Face à la situation mondiale en matière de réfugié·e·s, il est urgent d’agir rapidement. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de déplacé·e·s a atteint un record de 114 millions. Aussi, tous les États doivent lutter contre les causes de l’exil et offrir une protection et des perspectives durables aux personnes réfugiées.

En 2018, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté le Pacte mondial sur les migrations afin de s’attaquer à ces défis mondiaux. Ce pacte, que la Suisse a également signé, comprend quatre objectifs principaux : 1) La pression sur les pays d’accueil doit être réduite. 2) Les réfugié·e·s doivent se libérer de leur dépendance à l’aide humanitaire et pouvoir subvenir eux-mêmes à leurs besoins et à ceux de leur famille. 3) L’accès à la réinstallation et à d’autres programmes d’accueil humanitaires dans les États tiers doit être étendu. 4) Les conditions doivent être créées pour que les réfugié·e·s puissent retourner dans leur pays d’origine en toute sécurité et dans la dignité

Portrait Manuel Gysler
Manuel Gysler

Manuel Gysler travaille à l’EPER en tant que conseiller pour les questions d’aide humanitaire, de migration et de sensibilité aux conflits.

Le Forum mondial sur les réfugiés est l’occasion de mobiliser un soutien nouveau, mieux coordonné et plus durable en faveur des personnes réfugiées 

Seules une meilleure coopération internationale, une plus grande solidarité entre les États et une plus forte implication des actrices et des acteurs de la société civile, de l’économie et des personnes réfugiées permettront d’atteindre ces objectifs. Pour la deuxième fois, le Forum mondial sur les réfugiés, qui se tiendra du 13 au 15 décembre 2023, offre une plateforme réunissant toutes les actrices et tous les acteurs du monde entier. L’objectif est de trouver de nouvelles solutions, de discuter des possibilités de collaboration, mais aussi de s’engager – via les fameuses « pledges » (promesses) – à fournir des mesures concrètes pour atteindre les objectifs du Pacte mondial sur les migrations. L’événement offre un espace qui permettra d’instaurer et de renforcer la solidarité et la collaboration internationales, ce qui est une grande chance.

S’engager à protéger les réfugié·e·s et à leur offrir des perspectives durables est un point central du travail de l’EPER en Suisse et aux quatre coins du monde.

À travers ses consultations juridiques, ses programmes d’inclusion et son engagement en matière de politique sociale, l’EPER œuvre pour la protection, les droits et la participation à la société des personnes réfugiées. Elle exige par exemple plus de voies sûres pour les réfugié·e·s en Suisse, des améliorations juridiques pour les personnes admises à titre provisoire ainsi que des solutions pour les individus bénéficiant d’une aide d’urgence de longue durée. Dans différents pays, l’EPER fournit une aide humanitaire aux personnes réfugiées ou déplacées internes. Grâce à ses programmes, elle s’attaque à des problèmes qui sont souvent à l’origine des déplacements des personnes. Ainsi, l’EPER renforce la résilience des communautés locales contre les changements climatiques, s’engage pour une gouvernance plus inclusive et une gestion constructive des conflits et aide les personnes socialement défavorisées à développer des perspectives économiques et écologiques.

Grâce à deux exemples de ’’bonnes pratiques’’ tirés de son travail dans le camp de réfugié·e·s de Bidibidi en Ouganda, l’EPER amènera des propositions de solutions dans la discussion au Forum mondial sur les réfugiés.

Actuellement, environ 200 000 réfugié·e·s vivant dans le camp de Bidibidi viennent du Soudan du Sud. L’Ouganda offre davantage de marge de manœuvre aux réfugié·e·s que d’autres pays. Ainsi, chaque ménage de réfugié·e·s reçoit un lopin de terre pour ses propres cultures. Toutefois, ces terres sont souvent très difficiles à exploiter. En outre, les denrées alimentaires et d’autres ressources sont à peine suffisantes, ce qui entraîne des conflits au sein du camp et avec la population ougandaise. Aussi, l’EPER aide les réfugié·e·s et les locaux à améliorer leur production alimentaire afin qu’ils puissent subvenir à leurs besoins. Les événements sociaux organisés au sein de groupes mixtes, les mesures économiques ainsi que les méthodes acquises en matière de transformation des conflits contribuent à la cohésion sociale.  

Afin d’améliorer les revenus des femmes au sein du camp, l’EPER a également lancé un projet de production de serviettes hygiéniques. Soixante femmes issues des communautés de réfugié·e·s et d’accueil ont formé une coopérative. Elles fabriquent des serviettes hygiéniques réutilisables, du savon, des sous-vêtements et des vêtements pour femmes. En outre, elles sensibilisent les écoles au thème des menstruations et encouragent ainsi les personnes scolarisées menstruées à venir à l’école. Par cette approche, l’EPER et ses organisations partenaires impliquées contribuent à la réalisation de deux des objectifs principaux du Pacte mondial sur les migrations, à savoir le renforcement de l’autonomie financière et de l’inclusion des personnes réfugiées, et par extension, l’amélioration de la situation du pays d’accueil.

Pour une meilleure coopération internationale, il faut non seulement de la volonté, mais aussi des moyens financiers.

Si lors du forum à Genève, nombre d’actrices et d’acteurs entrent en dialogue les uns avec les autres, discutent de solutions innovantes et s’engagent à améliorer la situation des réfugié·e·s dans le monde, ce sera un grand pas. Pour réaliser les objectifs en question, des ressources financières suffisantes sont toutefois nécessaires. En Suisse, la pression exercée sur le budget de la coopération internationale ne semble justement pas de bon augure. À l’avenir, la Stratégie de coopération internationale 2025-2028 de la Confédération prévoit de n’investir plus que 0,36 % de son produit intérieur brut (PIB) dans la coopération au développement, l’aide humanitaire et les efforts en matière de politique des droits humains et de la paix. Ce chiffre correspond à seulement la moitié de l’objectif fixé par l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), qui s’élève à 0,7 %. Il est aussi loin de celui sur lequel le Conseil national et le Conseil des États s’étaient mis d’accord en 2011, soit 0,5 %. Durant la phase de consultation, l’EPER avait déjà critiqué le faible taux de financement public en matière de développement, le jugeant inacceptable. En collaboration avec la campagne #SoyonsSolidairesMaintenant menée par la société civile, elle exige un renforcement de la coopération au développement.

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